EXERCICE >> 16. Lisez « Venir à bout de l’épuisement dans le travail quotidien ».

VENIR À BOUT DE L’ÉPUISEMENT DANS LE TRAVAIL QUOTIDIEN

Travailler ou ne pas travailler, là est la question. Dans l’esprit de la plupart des gens, la réponse à cette question est l’ÉPUISEMENT.

Après avoir eu longtemps le même travail, dans lequel il a été considérablement malmené, un homme commence à sentir que la poursuite de son travail est tout à fait au-delà de ses forces. Il est fatigué. La seule pensée de faire certaines choses le fatigue. Il songe à augmenter son énergie ou à s’efforcer de tenir le coup un peu plus longtemps. Et en pensant ainsi, il ne cherche pas dans la bonne direction, car la réponse à l’épuisement a fort peu, sinon rien, à voir avec l’énergie.

L’épuisement est un sujet d’une grande importance, non seulement pour l’individu occupé à gagner sa vie, mais aussi pour l’État.

La Scientologie a établi de manière définitive que la déchéance de l’individu s’amorce au moment même où il n’est plus capable de travailler. Pour rabaisser ou bouleverser un individu, il suffit de l’empêcher de travailler. Même la police a maintenant reconnu le principe de Scientologie fondamental qui veut que le principal défaut d’un criminel soit son incapacité de travailler. La police a commencé à rechercher ce facteur chez l’individu pour déceler sa criminalité.

Le thème de l’épuisement est également le thème du « travail empêché ». Dans le cas des soldats et des marins hospitalisés pendant la guerre, il a été découvert qu’un séjour de quelques mois à l’hôpital avait tendance à briser le moral du soldat ou marin à tel point qu’il risquait de devenir un atout discutable pour l’unité qu’il rejoignait ensuite. Cela n’est pas forcément la conséquence d’une diminution de ses capacités ; c’est le résultat d’une blessure compliquée par l’inactivité. On trouvera que le soldat blessé qui est soigné dans une antenne médicale près du « front » et qui rejoint son régiment dès que possible, gardera dans une large mesure son moral. Bien sûr, la blessure qu’il a reçue a tendance à l’éloigner du niveau d’action qu’il estimait autrefois le meilleur. Il est néanmoins en meilleur état que le soldat transporté dans un hôpital situé à l’arrière. Le soldat envoyé à l’hôpital loin du front a l’impression, de son propre point de vue, qu’on lui dit qu’il n’est pas spécialement nécessaire à la guerre.

Sans réellement tenir compte de ces principes, le mot « épuisement » est entré dans le langage courant associé au mot « névrose ». Cela vient du fait que les gens atteints d’une névrose ont tout simplement l’air d’être épuisés ; le lien ne va pas plus loin. À la vérité, la personne qui se voit refuser le droit au travail, et en particulier celle qui a été blessée puis privée du droit au travail, finira par connaître l’épuisement.

Sur le plan technique, on a découvert en Scientologie qu’il n’existe pas de « diminution graduelle de l’énergie de l’individu suite à un contact continu ». On ne s’épuise pas simplement parce qu’on a travaillé trop longtemps ou trop dur ; on s’épuise d’avoir travaillé suffisamment longtemps pour réactiver la douleur et l’émotion contenues dans le mauvais souvenir d’une vieille blessure. L’« épuisement » va être une des caractéristiques de cette blessure. L’épuisement chronique n’est donc pas le résultat de longues heures d’application pénible. C’est le produit de l’accumulation de blessures et de chocs liés à la vie, chacun ne durant peut-être que quelques secondes ou quelques heures et l’ensemble ne totalisant sans doute que cinquante ou soixante-quinze heures. Mais cette accumulation – l’accumulation de blessures, de répulsions et de chocs – n’en aboutit pas moins à une incapacité complète d’agir.

L’épuisement peut donc soit être inculqué à une personne en lui refusant en tant qu’enfant de prendre part à la société, soit être imposé à une personne par les divers chocs ou blessures qu’elle pourrait recevoir au cours de ses activités. Éliminer l’un ou l’autre de ces deux points, c’est éliminer l’épuisement. L’épuisement est donc vraiment du ressort d’un praticien de la Scientologie, car seul un scientologue peut s’occuper convenablement de l’épuisement.

Il existe pourtant un stade au-dessous de l’épuisement, celui où l’on ne sait plus qu’on est fatigué. Un individu peut devenir une sorte de pantin frénétique qui continue à travailler, sans même se rendre compte qu’il est en train de travailler, jusqu’au moment où il s’effondre soudain à cause d’une fatigue qu’il ne ressentait pas.

Nous sommes ici en présence d’un individu qui n’a pas réussi à contrôler les choses. Il finit par devenir incapable de manier tout ce qui ressemble un tant soit peu à des outils de métier ou à un milieu de travail, et de ce fait il est incapable de demeurer dans un tel milieu ou de manier de tels outils. C’est alors que l’individu risque d’essuyer de nombreux reproches. Il peut être taxé de « paresseux », de « vaurien », mais en fait, il n’est pas plus capable de redresser sa propre condition – sans une aide experte – qu’il ne l’est de plonger jusqu’au centre de la Terre.

Il existe des moyens de recouvrer la verve et l’enthousiasme qu’on a pour le travail, sans toutefois avoir une collaboration étroite avec un praticien de la Scientologie. Ces moyens sont relativement simples et très faciles à comprendre.

Extraversion et Introversion

Nous avons, en Scientologie, une chose que nous appelons l’INTROVERSION.

Nous en avons une autre que nous appelons l’EXTRAVERSION.

L’introversion est quelque chose de simple et veut dire que l’on regarde « trop vers l’intérieur ».

L’extraversion est aussi une chose simple et veut dire seulement que l’on est « capable de regarder le monde extérieur ».

On pourrait dire qu’il y a des « personnalités introverties » et des « personnalités extraverties ». La personnalité extravertie est celle qui peut regarder ce qui est autour d’elle. La personnalité introvertie ne peut regarder qu’au-dedans d’elle-même.

La personne capable de regarder le monde qui l’entoure et de le voir tout à fait réel et lumineux est, bien entendu, dans un état d’extraversion. En d’autres termes, elle peut « regarder au-dehors ». Elle peut travailler aussi. Elle peut également voir des situations, diriger et contrôler ce qu’il lui faut diriger et contrôler, et se tenir à l’écart pour observer les choses qu’elle n’a pas à contrôler et de ce fait s’y intéresser.

La personne introvertie est celle qui est probablement allée au-delà de l’épuisement depuis quelque temps déjà. Elle a centré son attention de plus en plus près d’elle (fondamentalement, à cause de vieilles blessures capables d’avoir encore une emprise sur elle), à tel point qu’elle finit en fait par regarder vers l’intérieur et non plus vers l’extérieur. Elle fuit les objets solides. Ni les per­sonnes, ni les choses qui l’entourent n’ont de réalité pour elle.

Prenons maintenant le thème du travail lui-même.

Le travail est « l’application de l’attention et de l’action à des gens ou à des objets situés dans l’espace ».

Lorsqu’une personne ne peut plus confronter les gens (leur faire face), les objets ou l’espace dans lequel ils se trouvent, elle commence à se sentir « perdue » et à se mouvoir comme dans un état de brouillard. Pour elle, les choses ne sont pas réelles et elle est relativement incapable de contrôler les choses qui l’entourent. Elle a des accidents, de la malchance, des choses qui se retournent contre elle tout simplement parce qu’elle ne les dirige pas, ne les contrôle pas ou ne les observe même pas correctement. L’avenir semble très sombre à cette personne, à tel point que parfois elle ne peut pas y faire front. On pourrait dire qu’une telle personne est gravement introvertie.

Au travail, son attention se rive sur des objets qui se trouvent habituellement, tout au plus, à un mètre d’elle. Cette personne accorde le plus d’attention aux articles à portée de sa main, ce qui détourne son attention de l’extraversion et la centre sur quelque point juste devant son visage. Son attention s’y fixe. Si cette fixation coïncide avec un vieil incident contenant une blessure ou avec une quelconque intervention chirurgicale, il y a de fortes chances que la personne fixe également son attention sur un de ces moments de son passé et réactive un mauvais souvenir au point d’en ressentir de nouveau les douleurs, maladies, fatigues, sentiments d’apathie ou de sous-apathie qu’elle a ressentis lors de la blessure en question. Étant donné que son attention s’y trouve rivée de façon continuelle, elle a bien entendu tendance à ne plus regarder que ce point, même lorsqu’elle n’est pas au travail.

Prenons l’exemple d’un comptable dont les yeux se portent sur des livres tenus à une distance fixe de ses yeux. Il se retrouve avec la « vue courte ». En réalité, il n’a pas la vue courte, il a la vue « livresque ». Ses yeux se fixent le plus aisément sur un point à une certaine distance. En y fixant son attention, il a tendance à se retirer même de ce point-là, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus tout à fait atteindre ses propres livres de comptes. C’est alors qu’on lui fait porter des lunettes pour qu’il puisse voir plus clairement ses comptes. Sa vue et son attention sont pratiquement la même chose.

Une personne, qui se tient continuellement à une distance fixe d’une machine, de livres ou d’objets, quitte son travail mais tend à maintenir son attention fixée exactement à la même distance qu’au travail. Autrement dit, son attention ne quitte jamais vraiment son travail. Bien que la personne rentre à la maison, elle est en réalité encore « assise au bureau ». Son attention est toujours fixée sur ce qui l’entoure au travail. Si ce qui l’entoure coïncide avec quelque blessure ou accident (et qui n’en a pas eu au moins un ?), elle se met à ressentir de la lassitude ou de la fatigue.

Y a-t-il un remède à cela ? Bien entendu, seul un praticien de Scientologie pourrait résoudre entièrement cette difficulté. Mais le travailleur lui aussi peut faire quelque chose.

Que l’on soit donc comptable, expert-comptable, employé de bureau, cadre supérieur ou ouvrier mécanicien, voici ce qu’il ne faut pas faire : il ne faut pas quitter son travail, rentrer à la maison, s’asseoir et fixer son attention sur un objet qui se trouve plus ou moins à la même distance que celui auquel on fait continuellement face au travail.

Un contremaître, par exemple, qui parle toute la journée à des hommes qui se trouvent à une certaine distance de lui, ne doit pas rentrer chez lui et parler à sa femme à la même distance. Autrement, elle se retrouvera rapidement en train de recevoir des ordres comme si elle faisait partie de l’équipe de son atelier !

Ce qu’il ne faut vraiment pas faire, c’est rentrer chez soi et s’asseoir pour lire son journal, dîner et se coucher. Si un homme suivait la routine qui consiste à travailler toute la journée, puis à s’asseoir pour « se reposer » le soir avec un livre ou un journal, il est certain que, tôt ou tard, il commencerait à se sentir épuisé. Puis après un certain temps, il tomberait encore plus bas et ne s’étonnerait même pas de sa réticence à accepter d’exécuter des tâches qu’il trouvait autrefois très faciles.

Y a-t-il quelque chose de correct à faire ? Oui. L’individu qui est continuellement fixé sur quelque objet dans son travail devrait, après les heures de travail, fixer son attention ailleurs.

Faire une promenade.

Il existe en Scientologie un procédé intitulé : 

FAIRE UNE PROMENADE.

Ce procédé est simple à mettre en pratique.

Lorsqu’on se sent fatigué à la fin de son travail – même si on est presque prêt à s’écrouler à la simple pensée d’agir ainsi – on doit sortir faire une promenade dans le quartier jusqu’à ce qu’on se sente reposé. On doit, en somme, faire une promenade dans le quartier et regarder les choses jusqu’à ce qu’on voie celles auprès desquelles on marche. Peu importe la longueur de la promenade, on doit continuer à marcher jusqu’à ce qu’on se sente mieux.

« Faire une promenade » est un remède simple à l’épuisement. La personne marche simplement autour du pâté de maisons et regarde des choses qui l’entourent.

Si elle continue à faire le tour du pâté de maisons et à regarder autour d’elle...

… la sensation d’épuisement peut disparaître et elle se sentira revigorée.

On découvrira, chemin faisant, qu’on commence tout d’abord par se ranimer puis qu’on devient beaucoup plus fatigué. On deviendra suffisamment fatigué pour « savoir » à ce moment-là qu’il est temps d’aller se coucher et d’avoir une bonne nuit de sommeil. Mais ce n’est pas du tout le moment d’arrêter de marcher puisqu’on est alors en train de traverser l’épuisement. On est en train d’en « venir à bout » en marchant. On n’est pas en train de résoudre l’épuisement par de l’exercice physique. L’exercice physique a toujours semblé être le facteur le plus important pour les gens, mais l’exercice en soi est relativement peu important. Ce qui importe, c’est de détacher son attention de son travail pour la reporter sur le monde matériel dans lequel on vit.

Les masses (les objets physiques, les choses de la vie) sont la réalité. Pour augmenter son affinité et sa communication, il est effectivement nécessaire de pouvoir faire face aux masses et de pouvoir les tolérer. Pour cette raison, on découvrira que faire une promenade dans le quartier et regarder les immeubles fait s’élever sur l’échelle des tons. Lorsqu’on est fatigué au point d’avoir du mal à se traîner ou au point d’être, par nervosité, incapable de se reposer, il devient vraiment nécessaire de confronter des masses (leur faire face). On se trouve tout simplement en bas de l’échelle des tons. Il est douteux qu’une soi-disant « chute d’énergie physique » existe. Naturellement, cette procédure a ses limites. On ne peut pas travailler toute une journée, faire une promenade toute la nuit et aller ensuite au travail le lendemain en espérant toujours se sentir soulagé. Mais on devrait très certainement passer du temps à s’extravertir après s’être introverti toute la journée.

Faire une promenade est, toutes proportions gardées, presque une panacée.

Si un homme ressent de l’antagonisme envers son épouse, la chose à faire n’est pas de « la battre » ! Il devrait plutôt sortir faire une promenade dans le quartier jusqu’à ce qu’il se sente mieux, et il devrait faire faire à sa femme une promenade dans la direction opposée jusqu’à ce qu’ils arrivent à s’extravertir de la situation, car on découvrira que toutes les querelles de ménage, notamment chez les travailleurs, proviennent du fait que l’individu a été trop fixé (plutôt que trop tendu) sur son travail et sur les situations qui s’y rattachent. Il n’a pas réussi à contrôler certains éléments dans son milieu de travail. Il rentre alors à la maison en quête de quelque chose qu’il peut bel et bien contrôler. Il tombe le plus souvent sur son conjoint ou sur les enfants. Et lorsque, là encore, il ne réussit pas, il risque de dégringoler en bas de l’échelle de plus belle.

L’extraversion de l’attention est tout aussi nécessaire que le travail. Il n’y a, en fait, rien de mal à introvertir l’attention ou à travailler. Si on n’avait rien qui retienne l’intérêt, on se détraquerait complètement. Mais si on travaille, on constatera qu’une fatigue peu naturelle risque d’apparaître. Lorsque c’est le cas, le remède n’est pas de « sombrer dans l’inconscience » pour quelques heures – comme en dormant – mais d’avoir son attention véritablement extravertie, puis de trouver un sommeil réellement réparateur.

Ces principes d’introversion et d’extraversion ont de nombreuses ramifications. Bien que Faire une promenade soit d’une simplicité presque risible, il y a beaucoup de procédés plus complexes pour qui souhaiterait compliquer les choses. Cependant, Faire une promenade écartera, dans la plupart des cas, un grand nombre des difficultés qui accompagnent le travail.

N’oubliez pas, chemin faisant, qu’on devient d’abord beaucoup plus fatigué et qu’on est ragaillardi ensuite. Ce phénomène a été remarqué par des athlètes. On l’appelle le « second souffle ». Ce second souffle consiste en fait à récupérer assez son environnement et assez de masse pour dissiper l’épuisement survenu lors de la course précédente. Le second souffle tel quel n’existe pas. Par contre, il existe bien un retour à l’extraversion dans le monde physique où l’on vit.

Regardez-les

Il existe une autre procédure, similaire à « Faire une promenade », connue sous le nom de :

REGARDEZ-LES.

Si on a passé toute la journée à s’entretenir avec des gens, à leur vendre quelque chose ou à s’occuper de gens difficiles, ce qu’il ne faut pas faire, c’est fuir tous les gens au monde.

Comprenez que la personne qui devient trop tendue en s’occupant de gens a déjà eu de grandes difficultés avec les gens. Peut-être s’est-elle fait opérer par des médecins et la vision qu’elle a entrevue d’eux debout autour de la table d’opération fait assimiler « tout le monde » (c’est-à-dire les gens qui sont debout sans bouger) aux « médecins ». Soit dit en passant, c’est une des raisons pour lesquelles les médecins se font si profondément haïr dans une société, car ils tiennent à tout prix à user de pratiques portant les noms de chirurgie et d’anesthésie et provoquent des incidents sur lesquels viennent se joindre des incidents de tous les jours.

Un individu peut se sentir épuisé d’être sans cesse en contact avec des gens.

Un remède à cela consiste à se promener dans un endroit très fréquenté et à remarquer les gens tout en marchant.

À mesure qu’il regarde de plus en plus de gens…

… il trouvera qu’il se sent un peu plus aimable envers eux. Les sensations de tension à l’égard des autres peuvent disparaître complètement.

L’épuisement au contact des gens est lié au fait d’avoir fixé son attention sur certaines personnes alors qu’on avait le sentiment qu’on devait la porter sur d’autres gens. Cette tension de l’attention a effectivement restreint le nombre de personnes observées.

Le remède est très simple. Il faudrait se rendre dans un lieu très fréquenté – tel qu’une gare ou une grande avenue – et tout simplement s’y promener à pied en observant les gens. Il suffit de regarder les gens, voilà tout. On découvrira, au bout d’un certain temps, qu’on pense que les gens « ne sont pas si méchants que ça » et on adoptera alors une attitude beaucoup plus aimable envers les autres. Plus important encore, la situation suscitée par le travail où on est trop tendu avec les gens tendra à s’estomper si on prend l’habitude d’agir ainsi tous les jours en fin d’après-midi pendant quelques semaines.

C’est l’un des procédés les plus habiles qu’un vendeur puisse utiliser, car il a plus que quiconque intérêt à savoir s’y prendre avec les gens et à les amener à faire précisément ce qu’il désire les voir faire (à savoir qu’ils achètent ce qu’il a à vendre). Tandis qu’il fixe son attention ne serait-ce que sur un seul client de trop, il est envahi par la lassitude à la seule idée de parler aux gens ou de faire de la vente, et tombe dans des émotions plus basses dans toutes ses activités ou opérations, commence à se considérer comme une sorte d’escroc, puis à la longue, se considère comme n’étant plus rien. Le vendeur, tout comme les autres, devrait tout simplement trouver des lieux fréquentés et s’y promener en regardant les gens. Il découvrira, au bout d’un certain temps, que les gens existent réellement et qu’ils ne sont pas si méchants que ça.

Ce qui arrive aux gens haut placés dans un gouvernement, c’est qu’ils sont constamment « protégés » du peuple à tel point qu’ils se dégoûtent à la longue de toute l’affaire et risquent ainsi de faire toutes sortes de choses bizarres. (Voir les vies de Hitler et de Napoléon.)

Application générale

Ce principe d’introversion et d’extraversion pourrait avoir dans une société une portée bien plus grande que celle qu’il a actuellement. Le gouvernement et les entreprises pourraient prendre des mesures qui extirperaient probablement l’idée de grèves et augmenteraient très sensiblement la production. Les ouvriers en grève sont d’ordinaire moins mécontents des « conditions de travail » que du travail en tant que tel. Ils ont le sentiment d’être des victimes. Ils sont obligés de travailler à des moments où ils n’en ont pas envie, si bien qu’une grève vient leur apporter un soulagement réel. Enfin ils peuvent se battre, enfin ils peuvent faire autre chose que bricoler une machine ou fignoler des livres de comptes. Des ouvriers insatisfaits donnent des ouvriers en grève. Si les gens s’épuisent au travail, si les gens sont mécontents du travail, si les gens sont perturbés par le travail, ils ne manqueront pas de trouver des sujets de revendications pour faire grève. Et si la direction d’une entreprise rencontre assez d’ennuis et assez peu de coopération de la part des gens aux rangs inférieurs de la hiérarchie, il est certain que cette direction créera, tôt ou tard, des situations qui inciteront les ouvriers à faire grève. Autrement dit, les mauvaises conditions de travail ne sont pas la vraie source des disputes et conflits ouvriers. Les vraies causes des difficultés ouvrières sont plutôt une lassitude qui vient du fait même de travailler ou une incapacité de contrôler la zone et le milieu de travail.

La direction d’une entreprise, pourvu qu’elle en ait les moyens et si elle n’est pas terriblement irrationnelle, versera des salaires décents à ses employés. Et tout travailleur qui en a la possibilité, s’acquittera allégrement de ses responsabilités. Mais une fois que l’environnement devient trop tendu, une fois que l’entreprise elle-même s’est introvertie à cause de méfaits commis par le gouvernement, une fois que les travailleurs ont vu qu’ils n’ont aucun contrôle sur la direction, des conflits ouvriers peuvent, dès lors, se produire. Cependant, tous ces principes évidents reposent sur les principes de l’introversion et de l’extraversion. Les ouvriers s’introvertissent tant à leur tâche qu’ils ne peuvent plus ressentir d’affinité pour leurs chefs et ne sont plus capables de regarder effectivement ce qui les entoure au travail. Quelqu’un peut donc débarquer et raconter aux travailleurs que tous les cadres sont des monstres, ce qui n’est évidemment pas vrai, et au niveau des cadres, quelqu’un peut aller leur raconter la même chose au sujet des ouvriers, ce qui est tout aussi faux.

Faute de traitement généralisé et appliqué à chaque individu, ce qui constitue une tâche gigantesque, on pourrait mettre sur pied un programme complet qui tiendrait compte du principe de l’introversion. Il est certain que si les ouvriers ou les directeurs deviennent assez introvertis, ils vont trouver le moyen d’inventer des jeux aberrants – tels que les grèves – et vont de ce fait perturber la production, les relations et les conditions de vie acceptables au sein de l’usine, du bureau ou de l’entreprise.

Le remède serait de rendre les travailleurs extravertis à une très grande échelle. Une formule, par exemple, serait d’offrir à tous les ouvriers la possibilité d’avoir deux emplois. Il incomberait alors à l’entreprise ou aux parties intéressées – le gouvernement, par exemple – de mettre à la disposition des travailleurs un nombre suffisant d’« activités d’utilité publique » pour leur fournir du travail hors du domaine d’action qui leur est propre. En d’autres termes, un homme tenu de travailler tout le temps à l’intérieur et penché sur une tâche très fixe, éprouverait un immense soulagement s’il pouvait sortir travailler en plein air – surtout à une tâche sans rapport avec sa première fonction.

À titre d’exemple, un agent comptable se détendrait considérablement à creuser des fossés pendant quelque temps. Un ouvrier mécanicien qui fait marcher une machine fixe se réjouirait de conduire un bulldozer.

Un tel projet tiendrait généreusement compte de l’introversion et de l’extraversion et en mettrait donc le principe à exécution. Les ouvriers qui travaillent dans des attitudes figées, leur attention sur un objet tout proche, auraient ainsi la possibilité de regarder plus loin et de s’occuper de choses qui tendent à les extravertir. Il est certain qu’un tel programme, quoique très ambitieux, aboutirait à de meilleures relations entre la main-d’œuvre et le patronat, à une production accrue et à une diminution considérable des tensions sociales au sujet des emplois et des salaires.

Il y a, somme toute, de nombreux moyens de mettre en œuvre le principe fondamental d’introversion/extraversion.

Ce principe est très simple. Lorsqu’un individu est amené à trop s’introvertir, les choses qui l’entourent deviennent moins réelles, il ressent moins d’affinité pour elles et il ne peut plus bien communiquer avec elles. Dans un tel état, il se fatigue facilement. L’introversion aboutit à la lassitude, à l’épuisement puis à une incapacité de travailler. Le remède est l’extraversion, où l’on regarde bien et où l’on communique avec un environnement plus étendu. À moins qu’on utilise ce remède, comme tout travailleur est susceptible d’avoir des blessures ou des maladies d’un genre ou d’un autre, une spirale descendante s’ensuivra, rendant le travail de moins en moins agréable, si bien qu’un jour il ne sera plus faisable. Et on aura jeté la base d’une société non seulement improductive, mais criminelle.